2020, une année vertigineuse

2020, une année vertigineuse

18 mars 2021, Bleu Horizon
Bleu Horizon #16-Mars 2021 | 2020, une année vertigineuse. ― © DR

 

Une année vertigineuse

 

[HORIZON] Le Covid-19 aura causé des dégâts considérables, tant au niveau humain qu’au niveau de l’économie. Tous impactés autant par la perte de l’essentiel que du superflu, il n’en reste pas moins que malgré les difficultés rencontrées, tout ne s’est pas écroulé. L’espoir est permis, en partie grâce aux vaccins. Sous l’angle de la prévoyance professionnelle, différents indicateurs ont été observés et suivis de très près. L’attention de la CIEPP s’est tournée sur le long terme, comme il se doit, tout en s’adaptant aux circonstances du moment. Sans faire de bilan définitif, avec prudence, revenons brièvement sur cette année 2020 et jetons un regard vers l’avenir.

 

Lorsqu’un événement d’envergure se produit, les historiens ont l’habitude de nommer ce moment un élément fondateur. L’année 2020 en sera un, incontestablement, même s’il est impossible de prédire à quoi elle donnera naissance. En attendant, voici une brève rétrospective du point de vue de la prévoyance professionnelle suisse.

 

Sécuriser

Au cours de l’année 2020, des modifications légales en lien avec la crise sanitaire du Covid-19 sont intervenues au niveau des réserves de contributions des employeurs d’une part, et de la réforme des prestations complémentaires d’autre part, par le biais d’une disposition transitoire de l’article 47a LPP.

Dans le premier cas, l’objectif était de permettre aux employeurs de financer les cotisations de 2e pilier des salariés au moyen de la réserve de cotisations (décision du 26 mars, reconduite le 12 novembre 2020 jusqu’à fin 2021), ceci dans le but d’augmenter les liquidités des employeurs.

Dans le second cas, la réforme des prestations complémentaires, entrée en vigueur le 1er janvier 2021, permet de manière transitoire à un assuré âgé de 58 ans et plus, licencié après le 31 juillet 2020, de demander, à partir du début d’année 2021, le maintien de son assurance obligatoire auprès de la caisse de pension de son ancien employeur.

 

Stress test grandeur nature

Au niveau des marchés financiers, après une chute vertigineuse, d’environ 30% mi-mars (MSCI World, -23% pour le SMI), l’élément marquant concerne le soutien massif opéré de manière conjointe par les banques centrales des Etats envers leur économie, ainsi que les mesures additionnelles prises individuellement par les pays. Ces mesures sans précédent ont permis de réinstaurer la confiance. Résultats de ce dévissage ? En fin d’année 2020, les performances des institutions de prévoyance étaient revenues majoritairement dans les chiffres noirs. Selon une étude d’UBS, parue mi-janvier 2021, les caisses de pension suisses surveillées par la banque ont bouclé l’année sur un rendement annuel moyen de 3,84% (1). Le système a donc tenu. Il faut dire aussi que l’année 2019 pour les caisses de pension suisses a été une année exceptionnelle dans la mesure où elles ont pu bénéficier d’une forte capitalisation. La CIEPP clôture l’année avec un taux de couverture d’environ 120%.

 

Structure à l’épreuve

Interrogeons-nous maintenant sur l’impact de cette pandémie sur le plan structurel des caisses de pension. A cet égard, le nombre de décès est un bon indicateur. Ainsi en 2020, malgré la surmortalité enregistrée (selon les premières estimations publiées le 12 janvier 2021 par l’Office fédéral de la santé, OFS, par rapport aux année précédentes), le nombre de décès ne serait pas de nature à avoir un impact significatif sur la structure des caisses de pensions en général en Suisse. En effet, sous réserve d’analyses plus détaillées, les décès survenus correspondent à la tendance statistique attendue et n’ont ainsi pas contribué à la modifier.

 

Points d’attention

A l’avenir, plusieurs points méritent une attention particulière. D’abord, du fait de la crise sanitaire, la généralisation du télétravail a poussé les entreprises à renforcer la digitalisation de leur processus métier, comme elle a également poussé à de nouvelles manières de travailler. Les caisses de pension qui détiennent près de 20% d’immobilier dans leur portefeuille d’actifs pourraient dès lors être impactées dans le futur par ces changements de comportement. Ensuite, la croissance mondiale ayant été revue à la baisse en 2020, dans un contexte de taux d’intérêt bas voire négatifs, une attention particulière devra être portée à une source importante de revenus d’une institution de prévoyance : les dividendes. Vont-ils baisser ? Dans quelle proportion ? Personne ne peut le prédire encore.

Enfin, last but not least, un suivi attentif devra être fait quant aux éventuelles séquelles sur la santé physique et mentale des épisodes vécus (semi-confinement, télétravail intensif, hospitalisation, etc.), et par ricochet l’impact sur la sinistralité (risques décès et invalidité) des institutions de prévoyance.

 

(1) https://www.agefi.com/actualites/entreprises/rendements-positifs-pour-les-caisses-de-pensions-en-decembre-comme-sur-lannee

 

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- Cet article a été publié dans Bleu Horizon #16 - mars 2021

 

 

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